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Si la croisière m'était contée...(partie 7)

06/07/2020
Vue sur la bateau Queen Mary au port

Que faire lors d'une traversée ? Se détendre, faire des activités, les choix sont multiples.


Profiter de la traversée 

Bien sûr, il faut jouer le jeu. Accepter le délicieux ennui des traversées et le déguster goutte à goutte. Profiter de ces belles journées immobiles où tout l’avenir se résume à la prochaine tasse de thé. Ne jamais vraiment savoir l’heure qu’il est, sauf à midi quand, sur les paquebots du XIXe siècle, le commandant fait le point au sextant et que tout le monde règle sa montre. Ou bien s’en tenir au temps falsifié qu’égrènent les monumentales pendules des transatlantiques, allongeant les journées à 25 heures ou les ramenant à 23 heures pour rattraper le décalage horaire.

Même la température est fausse. Sur les lignes d’Extrême-Orient, les thermomètres sont trafiqués à la baisse quand la chaleur se fait trop intense et que le moral des passagers risque de s’en ressentir. Inutile de réfléchir, l’équipage s’occupe de tout. Déjà au réveil, l’essentiel des problèmes est réglé. Les chaussures cirées sont devant la porte de la cabine, ainsi qu’éventuellement le journal du bord annonçant le programme du jour et contenant les dernières nouvelles du monde : arts, mondanités, politique et cours de la bourse. Car les paquebots sont reliés à la terre depuis que, en été 1893, les Luciana et Campania ont offert à leurs clients le premier usage régulier de la télégraphie sans fil. On peut prendre son petit-déjeuner au lit selon la coutume britannique du « early morning tea » : c’est un luxe très souvent mentionné dans les publicités des navires.

Mais, dans tous les cas, on est réveillé tôt. Le paquebot est une énorme ruche qui se ranime dès l’aube. Si l’on a le sommeil léger, la nuit est courte, surtout si l’on jouit d’une des cabines ouvrant sur le pont – lesquelles sont pourtant bien plus recherchées que celles donnant sur les coursives. Dès que la cloche du quart a sonné 4 heures, une troupe de mousses, galopant, riant et répondant aux ordres tonitruants du quartier-maître, investit les ponts, les lavant à grande eau, tirant les chaises longues et empilant les fauteuils de rotin. Puis ils disparaissent comme volée de moineaux. Arrive alors le service de nettoyage des vitres et des cuivres : on vient astiquer les hublots. Le temps qu’on se rendorme un peu, les voisins se réveillent à leur tour et commence alors le concert des sonnettes. Dans les coursives, on s’interpelle, les femmes de chambre accourent. Sur le pont, déjà, les matinaux font leur promenade hygiénique et les enfants ne vont pas tarder à arriver. Autant se lever pour les rejoindre, étant entendu qu’à partir de huit heures – comme l’indique le règlement intérieur –, il est « interdit de se présenter en négligé ». Après quoi, la journée se déroule selon un emploi du temps immuable que jalonnent les repas et en-cas divers.

Joseph Tremble, que nous avons laissé sur l’Armand Béhic au départ de Marseille, donne dans ses lettres un aperçu de l’organisation proposée par les Messageries Maritimes : dès 7 heures du matin on trouve sucre, citrons, glace et eau en permanence dans la salle à manger, et ce jusqu’à 23 heures, compte tenu de la chaleur et de la nécessité de se désaltérer. Entre-temps, le petit-déjeuner est servi dans les chambres des premières classes de 7 heures à 9 heures ; le déjeuner a lieu de 11 heures à 13 heures. A 16 heures, collation avec thé, confitures, biscuits, brioches chaudes. A 18 heures, les dames se mettent en toilette de soirée, les messieurs en habit noir et les officiers (dont Joseph) en redingote pour le dîner qui a lieu à 18h30. A 21 heures, on sert un dernier thé ou café et une dernière collation. Extinction des feux à 23 heures. On ne manque donc pas d’occasions de se nourrir sur l’Armand Béhic, en 1901. Mais ce n’est rien comparé à la fréquence des repas proposés sur les transatlantiques de la White Star Line, dans les années 1910. Au réveil, petit-déjeuner au lit, suivi – de 8 heures à 10 heures – d’un second petit-déjeuner en salle à manger. A 11 heures, sur le pont, on fait circuler des plateaux avec des tasses de bouillon fumant ; une heure après, on repasse avec des sandwichs en guise d’apéritif. Le déjeuner a lieu à 13 heures. A 15 heures, c’est le moment des sorbets et pâtisseries ; à 16 heures on sert le thé, assorti de sandwichs au concombre et de diverses douceurs, suivi, une heure plus tard, du service des compotes et marmelades. Le dîner a lieu à 19 heures mais un appel est sonné au clairon une demi-heure avant (sur l’air traditionnel de « The Roast Beef of Old England ») pour la mise en tenue de soirée. On termine à 21 heures par les thé, café, liqueurs, fruits frais ou glacés. Les lumières sont éteintes à minuit. D’aucuns prétendent que, pour concurrencer l’excellente restauration des bateaux français, les compagnies anglaises minent sur l’abondance… le médecin du bord, à ce train et si la mer est agitée, doit avoir fort à faire.

En tout cas, une fois que la programmation des repas est arrêtée, force est de constater que les journées sont déjà bien employées. Il ne reste plus en somme qu’à organiser le temps qu’on ne passe pas à table… Or à en juger par l’assiduité avec laquelle les passagers, à toute heure, traînent leur chaise longue d’une place au soleil à une place à l’ombre, il est évident que c’est sur le pont que se déroule une grande partie de la traversée.
 

Rangée de chaises longues alignées sur le pont d'un bateau

Profiter des chaises longues sur le pont...

 

Des après-midis de pont, le regard errant sur l’océan, dans des volutes de tabac blond. Encore faut-il distinguer le pont-promenade – couvert, souvent vitré et donc praticable par tous les temps – des ponts supérieurs, ouverts aux activités de plein air. Ce sont les Allemands qui, très tôt et vantant les vertus thérapeutiques du voyage en mer, ont encouragé la clientèle de leurs bateaux à arpenter ces ponts balayés par le vent et encombrés de chaloupes, ventilateurs, tuyaux, conduites, caissons, etc. Il y reste tout juste assez de place pour s’adonner à ces classiques « jeux de pont » que sont les quilles, le shuffleboard – qui consiste, du bout d’un manche en bois, à pousser des palets sur une sorte d’aire de marelle –, ou encore le bull board, dont le but est de lancer des anneaux sur des piquets comme on le ferait sur les cornes d’un taureau. A quoi il faut ajouter, suivant l’inspiration des passagers, des concours de tir à la corde, des courses à cloche-pied et autres robustes amusements.
 

Couple jouant au shuffleboard sur pont d'un bateau

S'adonner au shuffleboard...


Mais on ne peut pas dire que le voyage transatlantique, souvent froid, brumeux ou pire, soit vraiment propice aux activités de plein air… Du coup, ces ponts supérieurs n’évoluent pas beaucoup, du moins jusqu’aux années 1920, tandis que les compagnies sont contraintes de revoir leur politique commerciale : la traversée transatlantique ne se fait bientôt plus qu’à la belle saison, l’hiver étant réservé aux croisières dans les mers chaudes, plus rentables. C’est alors la consécration du spardeck, lisse, complètement dégagé, assez vaste pour les tournois de tennis, immense, dans le cas du Normandie. On y voit même apparaître des piscines, qui, jusque-là et depuis que l’Adriatic (1827) en a lancé la mode, étaient demeurées à l’intérieur des bateaux, précieux bassins de marbres et mosaïques que complètent le gymnase et les bains turcs. A partir de 1932, c’est l’Italian Line, surtout, avec son Rex et son Conte di Savoia qui célèbre l’apothéose des ponts supérieurs, lesquels se couvrent d’une éclosion de parasols multicolores et de vraies plages de sable fin : comme une Riviera tout entière qui voguerait au-devant de l’Amérique. Cependant, le lieu mythique, celui où l’on s’installe des heures durant, le plaid sur les genoux, à discuter, à rêver, à regarder passer les belles étrangères et ceux avec qui l’on dînera ce soir, c’est le pont-promenade des premières classes, distinct de celui des secondes et sans nul contact avec celui des troisièmes. Une sorte de via Veneto où l’on est entre soi, en territoire réservé et extrêmement chic. De là, on gagne directement les fumoirs, salons, bibliothèques, après un détour par les boutiques de luxe où l’on trouve à peu près tout ce que l’on veut. Sur le pont-promenade du Queen Mary, un gentleman peut aussi bien acheter des fleurs, des parfums français et des cigares qu’un gilet de soirée ou la cravate souvenir du paquebot, imprimée « Queen Mary ».

Même sur de plus modestes navires, et même chez les passagers de seconde classe, tout le monde est très attaché à l’espace et aux rituels du pont-promenade. En témoigne l’indignation d’un certain Edmond Garnier, embarqué, en 1909, sur le Chili qui doit le mener en Argentine : le pont-promenade auquel son billet lui donne accès est privé de vue par les bateaux de sauvetage qui cachent l’Océan. Et, pour comble, les passagers de l’entrepont lui semblent bien mieux lotis : « Comme promenoir, les premières ont tout l’arrière et une partie du milieu ; dix fois plus de place qu’il n’en faut ; les émigrants ont tout l’avant, d’où ils jouissent d’une vue superbe ; quant à nous, pauvre classe intermédiaire, qui payons, je veux bien, moins que les premières mais bien plus que les passagers d’entrepont, nous sommes encagés entre une cloison en tôle et des coques de canots [….]. Ça sent l’os à ronger laissé par les premières classes […]. » Il faut dire que, sur les lignes de l’Atlantique Sud ou de l’Asie, le pont est essentiel puisque, à cause de la chaleur, on y vit. Bien sûr, aux heures les plus chaudes de la journée, et bien que les ponts soient bâchés de toile bise et sans cesse arrosés, on se réfugie à la bibliothèque ou dans le salon de musique où de jeunes anglaises martèlent les fox-trots à la mode. Là on attend en causant, dans l’air tiède que brasse le ventilateur ou que rafraîchit le panka, cet écran mobile suspendu au plafond et manœuvré à la main par un Annamite, un Indien ou un Chinois qui, hébété, finit toujours par s’assoupir. Mais dès que le soleil disparaît, c’est sur le pont qu’il fait bon se dégourdir les jambes et s’installer. D’ailleurs on y passe la nuit, en pyjama, sur les chaises longues coiffées d’un oreiller. Tout plutôt que la fournaise des cabines !


Et vous, quelle est votre activité favorite en croisière ?

Auteure : Nina 
Rédactrice chez Les Experts Croisières
 



Par Nina

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De Pierre-Marie  - Le  09/07/2020 10:37
j'ai moi même effectué cette traversée et j'en suis encore subjugué. De magnifiques souvenirs avec votre agence !
De Marco  - Le  07/07/2020 09:43
Moi j'adore me relaxer sur une chaise longue en fin de journée, surtout après une journée en excursion !
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