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Si la croisière m'était contée...(partie 10)

16/07/2020
Vue sur la bateau Queen Mary au port

Les derniers instants du voyage se font ressentir. On termine cette dernière soirée avec le dîner, les animations, avant de boucler les valises ! 


Une dernière soirée
 

C’est imprévisible. Placée de façon stratégique, bien en vue, préside la table personnelle du commandant et de ses convives. Sur le France (1962) treize passagers ont le privilège, chaque soir, de dîner avec le maître à bord. Et chaque soir, de nouveaux élus sont conviés à cette table prestigieuse dont les places sont extrêmement convoitées. Certains font des pieds et des mains pour obtenir la fameuse invitation… Mais pour la plupart, ils devront se contenter du « dîner du commandant », offert à tous et clôturant en général la traversée. En outre, sur tous les paquebots de la Transat, ils emporteront en souvenir les jolis rubans – brodés au nom du navire – dont on noue, ce soir-là, le menu illustré ou la serviette de table. Sans compter les souvenirs gastronomiques, inoubliables.

 

Table aspect chic avec différents verres, assiettes, couverts, serviettes, ambiance dorée

La table est prête...


Car les dîners de gala, comme celui « du commandant », sont toujours l’occasion de menus exceptionnels. Pour preuve les fabuleuses agapes servies après l’escale d’Ajaccio, toujours sur le France, durant sa Croisière impériale d’avril 1969. Le chef des cuisines, Henri le Huédé, raconte que « le caviar fut servi sur des socles de glace représentant l’aigle impérial, tandis que le foie gras était représenté en coussin décoré d’une grande croix de la Légion d’honneur, entièrement faite en julienne de truffes, et les parfaits glacés, servis dans des ruches de sucre filé, décorées d’abeilles, en sucre également ».

Décidément, au risque de se répéter, on mange magnifiquement sur les bateaux français. C’est même leur fonds de commerce comme le souligne avec beaucoup de lucidité le président de la Transat, Jules Charles-Roux, dans les années 1910 : « […] ce ne sont pas les Gobelins qui attireront les Américains à notre bord ; c’est le confort, un service soigné et une bonne table, complétée par une bonne cave. » A en juger par la carte du dîner proposée sur le Normandie en décembre 1936, et sachant qu’il s’agit en somme de l’ordinaire du passager de première classe, le programme de Jules Charles-Roux semble assez bien rempli : un joli choix de hors-d’œuvre, cinq potages, deux poissons, un ris de veau glacé en entrée, une spécialité régionale (en l’occurrence, un caneton à l’orange), trois sortes de légumes verts frais, des pommes de terre en purée, en four, à l’anglaise, en robe des champs ou persillées, des pâtes (dont un gratin de macaronis avec 10 minutes d’attente), du riz nature ou au curry, des rôtis (poularde ou côte de Charolais) ; un magnifique buffet froid avec six sortes de jambon, du bœuf mode en gelée, du poulet, du carré de porc, de la selle d’agneau sauce menthe, de la terrine de foie gras frais de Strasbourg, du homard mayonnaise ou de la barbue sauce gribiche ; six variétés de salades vertes ; des fromages, des pâtisseries, des entremets, des glaces et des sorbets, des fruits et des compotes. Sans oublier les cafés, thés, infusions et, bien sûr, une sélection de vins blancs, rouges ou rosés à volonté. Etant entendu que l’on peut goûter de tout, en reprendre à satiété, et arroser ce festin jusqu’à plus soif : tous les plats, vins compris, étant inclus dans le prix de la traversée. Pour les indécis, il y a aussi un menu suggestion, plus concis. Et, évidemment, tous les régimes diététiques ou autres sont pris en compte.

 

Plusieurs plats servis sur une belle table

Une bonne table !


En 1993, la French Line inaugure, sur plusieurs paquebots et pour les trois classes de passagers, un service kasher, placé sous la surveillance d’un rabbin, assuré par un personnel attitré, avec des locaux particuliers ainsi qu’un matériel spécial : une cuisine pour le maigre, une autre pour le gras, des milliers d’ustensiles estampillés kasher de même que l’argenterie et la vaisselle. Bref, et proportionnellement au standing des trois classes, il n’est rien qu’on ne puisse accommoder. Tout est possible, parfois jusqu’au ridicule… « Pour votre toutou, Madame… », « Pour votre fidèle compagnon, Monsieur », il n’existe pas moins de cinq menus dont « Le plat de Tayaut » ou « La préférence du Danois »…

Mais tandis que les Etats-Unis sont au « régime sec », de 1919 à 1933, le meilleur argument commercial des compagnies européennes, celui qui convainc la clientèle américaine, autant que la bonne chère et mieux que l’excellence du service, ce sont les vins et alcools. A bord, ce n’est cependant pas facile à gérer. Jusqu’aux eaux territoriales américaines, tout va bien. Au-delà, les navires étrangers entrent, eux aussi, sous le coup de la prohibition des boissons alcoolisées. Il faut alors, en urgence, rassembler tout ce qui ressemble à de l’alcool, le mettre dans une soute, en condamner l’entrée par tous les moyens : scellés, planches cloutées et vigile. Ce qui n’empêche pas les visites très musclées des fonctionnaires américains qui, brisant les planches, crevant les boiseries, fouillant les tentures, inventorient, confisquent et appliquent des amendes colossales : car bien sûr, malgré les stricts contrôles effectués à Southampton ou au Havre, on finit toujours par trouver de l’alcool de contrebande dissimulé dans les canots de sauvetage, les coursives, ou ailleurs… Mais en dépit de tout cela, et même sur les paquebots américains, théoriquement « secs », on continue à boire tranquillement : la bouteille d’eau minérale bien en évidence sur la table et celle de bordeaux cachée dessous.
 

Vue sur Southampton avec port, habitations

Southampton


Car, il faut bien le reconnaître, l’alcool coule à flots sur les paquebots. D’autant que les occasions de trinquer ne manquent pas : depuis le cocktail « Ruban bleu » (au curaçao bleu, évidemment) qui salue un record de vitesse, jusqu’aux libations accompagnant les bals et toutes les festivités meublant la traversée. Sur les paquebots de l’Atlantique Sud, du Pacifique ou de l’Asie, ce sont en général les passagers eux-mêmes qui organisent les diverses manifestations : pièces de théâtre, récitals de piano, chant, etc. La qualité des prestations n’est pas garantie… sauf si l’on a la chance d’avoir des professionnels à bord, ce qui n’est pas si rare.
 

Un homme faisant du piano pendant qu'une femme chante à côté

Un récital de piano à bord...


Sur les lignes d’Indochine, par exemple, nombreuses sont les troupes d’art lyrique qui partent se produire sur la scène des opéras de Saigon ou d’Hanoï. Mais quoi qu’il en soit, les passagers ne rechignent jamais à répéter leurs textes, leur rôle, leur morceau de musique. Acteurs et spectateurs, tout cela les amuse beaucoup et culmine avec l’événement capital : la grande fête traditionnelle au profit des œuvres de mer. Le Père Bulteau, sur le Sphinx, commente ces festivités que ponctuent toutes sortes d’attractions : depuis le match de tennis jusqu’à la tombola, en passant par le dîner-concert et le bal costumé pendant deux nuits entières.

Tout se passe en première classe, mais en général, sur ces bateaux, les passagers de seconde et de troisième sont conviés, au moins en spectateurs, à assister au bal. Cependant, d’après ce que raconte le Père Bulteau, il semble que parfois, certains ne se contentent pas de regarder ; le lendemain matin, deux passagers de seconde classe en témoignent : « un tel avait l’œil sérieusement poché, tel autre portait les traces d’une gifle bien administrée »… Sur les beaux transatlantiques, les festivités sont à peu près les mêmes et, là aussi, la sacro-sainte fête de charité est incontournable. Evidemment, les attractions sont plus élégantes ou plus étonnantes, avec, sur le Normandie, un défilé de haute couture qu’annonce un programme illustré par Bérard ou une attraction de phoques savants en plein milieu de la piste de danse. Bien sûr, les tombolas ou ventes aux enchères sont d’une autre pointure avec, sur le France, le chapeau de l’Empereur Napoléon Bonaparte adjugé pour 140.000 francs. Mais sur tous ces bateaux confondus, les fêtes ont la même atmosphère : bon enfant, un peu patronage, éminemment sympathique. C’est Henry Fonda, toujours sur le Normandie, qui accepte de chanter au débotté d’arbitrer un match de boxe entre grooms ; c’est Mistinguett qui, déjà âgée, accepte de chanter « Mon homme », ou bien le célèbre violoniste hongrois Tasha Heifetz qui fait un soir la démonstration de son exceptionnel talent, juste pour faire plaisir au commissaire Villar lequel, pour éviter toute vibration importune, demande au commandant de faire ralentir le bateau.
 

Numéros inscris sur des billes dans un récipient pour tirer un numéro au hasard

La tombola peut être remplie de surprises...


De sorte que, de bals en concerts, on est vite arrivé. C’est de nouveau la fièvre dans les coursives, les petits grooms en livrée « cardinal des mers » sont partout à la fois, les femmes de chambre bouclent les valises. Joseph Tremble, qui arrive bientôt à Colombo où il va quitter l’Armand Béhic pour un autre navire, se dépêche de terminer la lettre pour ses parents : « […] cette lettre partira dans quatre ou cinq jours, vous l’aurez donc vers le 10, le 15 au plus tard du mois prochain. C’est bien long tout de même ». Avec la T.S.F., les nouvelles vont plus vite. Mais ce n’est pas la même chose. La lettre rédigée en mer, sur du beau papier estampillé aux armes du paquebot, c’est, pour le destinataire, le plus joli des souvenirs. D’autant que, sur l’Île-de-France, il y a maintenant un petit avion que l’on catapulte à 800 km des côtes et qui distribue le courrier le soir-même. Leur correspondance achevée, les uns et les autres commencent à penser à ce qui les attend, là-bas, sur les continents immobiles. Le dernier jour, le courrier et les rêves précèdent le navire, loin devant.


Nous allons arriver à destination...

 

Auteure : Nina 
Rédactrice chez Les Experts Croisières
 



Par Nina

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De Lina  - Le  31/07/2020 10:49
J'adore tester tous les restaurant lors de mes croisières !
De Chiara  - Le  16/07/2020 11:12
Je me souviens avoir diné avec le commandant pour ma dernière soirée, c'était super ! C'était sur le Costa Deliziosa...
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